Covid-19 : Le régime méditerranéen permet-il de mieux s’en protéger ?

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Le régime méditerranéen a été élu par un panel d’experts en santé américains meilleur « régime » dans l’ensemble parmi 35 régimes différents. Et pour cause, il existe de bonnes présomptions scientifiques qu’il protège le système cardiovasculaire et agit contre le risque de cancers. Effets anti-inflammatoires, prébiotiques et anti-microbiens, régulation du système immunitaire et du fonctionnement des vaisseaux sanguins : le régime méditerranéen apparaît comme un élément protecteur possible de notre mode de vie contre les formes graves de Covid-19.

Les effets suggérés du régime méditerranéen sur le système immunitaire

L’excès de graisse et ses conséquences délétères

Un constat

L’obésité, la présence excessive de graisse « viscérale » (la graisse située entre les muscles et les organes abdominaux) et les maladies chroniques associées à cet excès de graisse (par exemple le diabète de type 2 et les problèmes cardiovasculaires) conduisent statistiquement à des formes plus graves de COVID-19 (1).

Des explications

Pour expliquer ce lien observé, des hypothèses ont été formulées par les scientifiques (1). La graisse pourrait représenter un potentiel réservoir viral. En outre, l’excès de graisse provoquerait :

  • une inflammation chronique,
  • une dérégulation du système immunitaire,
  • une agression des cellules par le biais d’un stress oxydatif,
  • une augmentation de production de cytokines (petites molécules favorisant l’inflammation),
  • un dysfonctionnement des vaisseaux sanguins,
  • une augmentation du nombre de cellules graisseuses exprimant une enzyme qui jouerait un rôle dans l’invasion du Sars-Cov-2 dans les cellules (l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2).

Le régime méditerranéen et ses effets bénéfiques

Les polyphénols

Le régime méditerranéen est un régime riche en fruits, en légumes, en légumineuses, en noix et en huile d’olive, autant de sources de polyphénols. Les polyphénols, en particulier les flavonoïdes, sont des petites molécules qui exercent des effets bénéfiques sur la santé. Elles atténuent la réponse immunitaire, augmentent les défenses antioxydantes, améliorent la santé des vaisseaux sanguins, diminuent l’inflammation et empêchent la formation de caillots sanguins. Ces propriétés deviennent encore plus critiques au vu de l’excès d’inflammation et le sur-risque de caillots sanguins constatés lors des formes graves de COVID-19 (1).

Les fruits à coque et les fruits secs

La consommation de fruits à coque et de fruits secs comme les raisins secs font partie intégrante du régime méditerranéen. Elle favorise la santé cardiaque grâce à leur composition riche en nutriments antioxydants et anti-inflammatoires. Les raisins de Corinthe sont par exemple des concentrés de nutriments. Issus d’un type spécifique de raisin noir, ils se caractérisent par un indice glycémique faible à modéré et une abondance en minéraux, vitamines, fibres, flavonoïdes et phénoliques (1).

Des effets contre la formation de caillots sanguins

Outre les polyphénols, plusieurs aliments présentent des effets antiagrégants plaquettaires. L’huile d’olive, le poisson, le miel, les aliments végétaux, le lait, les yaourts, et le vin (consommé avec modération) diminuent, à la manière de l’aspirine, la capacité de cellules sanguines appelées « plaquettes » à s’agréger entre elles pour former des caillots (2).

Une amélioration du microbiote intestinal

Plusieurs études ont montré que la consommation d’aliments (notamment riches en fibres) du régime méditerranéen modifie favorablement la composition du microbiote intestinal, réduisant également l’obésité et améliorant le profil lipidique et l’inflammation (3).

Le rapport oméga 6 / oméga 3

Le régime méditerranéen assure également un apport élevé en acides gras oméga-3 via la consommation de :

poissons comme le maquereau, le hareng et les sardines,

– certains légumes verts,

– les huiles végétales comme les huiles de colza et de canola,

– les noix et les graines comme les graines de lin.

Cet apport conséquent en acides gras oméga 3 améliore le rapport oméga-6 / oméga-3. Le régime méditerranéen peut être considéré comme un régime anti-inflammatoire comparé à d’autres régimes de type occidental (3). Dans ces derniers, la consommation d’acides gras oméga-6 est plus importante et favorise une production plus élevée de cytokines pro-inflammatoires et de facteurs pro-coagulants.

Des effets antimicrobiens ?

Plusieurs aliments méditerranéens comme les raisins secs et les olives présentent des propriétés antimicrobiennes potentielles. L’effet protecteur des flavonoïdes et autres polyphénols contre l’infection à coronavirus sont à l’étude (1).

Que dit la science sur son impact potentiel contre les virus ?

Selon un travail international paru en 2018, un an de régime alimentaire méditerranéen (accompagné d’une supplémentation quotidienne en vitamine D3) module bel et bien les paramètres biologiques de la fonction immunitaire (4). Bien qu’il n’existe aucune étude concernant l’effet de la diète méditerranéenne sur la Covid-19, une étude espagnole datant de 2016, a montré qu’un régime méditerranéen pouvait contribuer à diminuer la fréquence des infections des voies respiratoires hautes d’origine virale telles que les rhumes et de ses complications inflammatoires (otite et sinusite)(5).

Quel type de protocole est utilisé dans les études ?

A regarder de près, rien de compliqué. En France, notre modèle d’alimentation traditionnel est globalement méditerranéen. Hélas, de nos jours, il se perd ! Sans rentrer dans les détails, voici un protocole de diète méditerranéenne :

  1. Utilisation abondante d’huile d’olive de qualité supérieure (première pression à froid et biologique si possible) pour la cuisson et la vinaigrette;
  2. Prise de 2 portions par jour de légumes et 3 portions par jour de fruits frais;
  3. Consommation de 3 portions par semaine de légumineuses, de noix et de poissons ou de fruits de mer (dont 1 portion de poissons gras);
  4. Sélection de viandes blanches au lieu de viandes rouges ou transformées;
  5. Cuisson au moins deux fois par semaine avec de l’ail, de l’oignon et de la sauce tomate mijotés dans l’huile d’olive ;
  6. Éviction ou limitation de la consommation de crème, beurre, margarine, charcuterie, pâté, canard, boissons sucrées, pâtisseries, produits de boulangerie industrielle, collations, frites et plats cuisinés à l’extérieur ;
  7. Pas de restriction.

En bref

Le modèle d’alimentation méditerranéen, qui plus est quand il frugal, réunit tous les critères décisifs. Au-delà de ses bénéfices multiples sur le microbiote intestinal, notamment grâce aux fibres prébiotiques et aux polyphénols, il est anti-inflammatoire par nature grâce à des index glycémiques relativement bas, un potentiel antioxydant élevé et une présence déterminante en acides gras polyinsaturés de type oméga 3. Il est à privilégier pour moduler favorablement l’immunité.

Ressources Bibliographiques :

1.   Angelidi AM, Kokkinos A, Katechaki E, Ros E, Mantzoros CS. Mediterranean diet as a nutritional approach for COVID-19. Metabolism. janv 2021;114:154407.
2.   Detopoulou P, Demopoulos CA, Antonopoulou S. Micronutrients, Phytochemicals and Mediterranean Diet: A Potential Protective Role against COVID-19 through Modulation of PAF Actions and Metabolism. Nutrients. févr 2021;13(2):462.
3.   Barrea L, Muscogiuri G, Frias-Toral E, Laudisio D, Pugliese G, Castellucci B, et al. Nutrition and immune system: from the Mediterranean diet to dietary supplementary through the microbiota. Crit Rev Food Sci Nutr. 21 juill 2020;0(0):1‑25.
4.   Frontiers | One-Year Consumption of a Mediterranean-Like Dietary Pattern With Vitamin D3 Supplements Induced Small Scale but Extensive Changes of Immune Cell Phenotype, Co-receptor Expression and Innate Immune Responses in Healthy Elderly Subjects: Results From the United Kingdom Arm of the NU-AGE Trial | Physiology [Internet]. [cité 26 févr 2021]. Disponible sur: https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2018.00997/full
5.         Calatayud FM, Calatayud B, Gallego JG, González-Martín C, Alguacil LF. Effects of Mediterranean diet in patients with recurring colds and frequent complications. Allergol Immunopathol (Madr). 1 sept 2017;45(5):417‑24.

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